En parallèle de sa mixtape tout juste sortie chez Hakuna Kulala, l’artiste queer aux racines kényane et tanzanienne DJ Iche se prête à l’exercice du PAM Club avec un mix groovy et authentique.
Il y a quelques jours, la jeune DJ Iche livrait depuis Mombasa la Nai Yetu Mixtape pour Hakuna Kulala, sous-division de Nyege Nyege Tapes. D’abord productrice et vocaliste, Janice Iche s’est orientée vers les platines il y a un an, à la recherche d’une autre manière de partager la musique et de tisser des liens avec ses propres chansons. Elle condense sur cassette 74 minutes de sons urbains, représentant l’impact de la drill US et UK sur l’Afrique. Les rappeurs les plus chauds de Nairobi tels que Nattt, Burukulyn Boyz ou Dyana Cods s’y succèdent, provoquant des parallèles avec le gengetone, dérivé kényan du genre californien appelé genge, et autres pépites de la scène urbaine et underground du pays. Pour en savoir plus sur ses débuts, on a interviewé Iche, qui livre ici un PAM Club à l’ambiance feel-good radicalement différente de son cru chez Hakuna Kulala.
Quel est ton parcours musical ?
J’ai été initiée à la musique très jeune, mes parents organisaient des fêtes à la maison avec de la musique. Avec la radio, j’ai commencé à m’intéresser aux sons que j’entendais. J’ai ensuite commencé à chanter à l’église le dimanche vers l’âge de 7 ans et le public adorait ça. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à écrire mes propres chansons. J’avais un groupe d’amis avec deux autres petites filles et nous écrivions des paroles ensemble et faisions des pas de danse sur des chansons que nous aimions. Je n’ai aucune formation formelle en musique et comme ma passion ne cesse de grandir, je trouve tous les moyens possibles pour m’exprimer musicalement.
Quand es-tu devenue DJ, et qu’apprécies-tu dans cet exercice ?
Je ne suis DJ que depuis un peu plus d’un an. J’ai commencé à mixer parce que je suis restée longtemps sans créer ma propre musique et j’avais besoin de créer une sorte de passerelle pour m’y remettre. Le DJing m’a offert un espace pour rester proche de la musique, même sans la créer, et m’a depuis ouvert une toute autre voie pour me connecter avec la musique et aux gens d’une manière que je n’avais jamais imaginée auparavant. Ce que j’aime dans le DJing, c’est son côté communautaire. De la sélection des morceaux à l’arrangement du set, chaque étape doit être réfléchie. Le DJ m’apprend à m’ouvrir vers le monde extérieur, à l’inverse de la production musicale.
On voit et on entend de plus en plus de productions et DJ sets de femmes et d’artistes queer africaines, avec des sons très différents et intéressants. Est-ce une manière d’exprimer une certaine liberté ?
Je ne dirais pas ça. Nous sommes encore très loin d’être libres. Je peux dire qu’il a énormément coûté à chaque artiste queer pour en arriver à ce point d’être vu et/ou entendu. Nous nous battons toujours pour être là où nous sommes. Je dirais que c’est surtout la détermination et la passion qui poussent les artistes queer à briser beaucoup de stéréotypes et à casser les barrières pour avancer, en plus d’un accès aujourd’hui plus simple à ces logiciels et équipements qui nous aident à propulser la scène. C’est l’âge de l’éveil spirituel, comme toujours, et il y a tellement de choses qui sont maintenant inspirantes et nous permettent d’explorer notre propre personnalité. Internet et les différents ateliers qui nous sont accessibles sont aussi à l’origine de cette croissance.
Parle-nous de tes productions, comment définirais-tu ton propre style ?
Mes productions actuelles représentent cette liberté que j’ai retrouvée dans mon processus de création. Je n’étais pas productrice de musique auparavant, je le suis maintenant et j’explore toutes les façons d’être authentique dans un DAW (Digital Audio Workstation, logiciel de Musique Assistée par Ordinateur, NDLR). Je m’amuse. Je décrirais mon style comme une authentique musique électronique africaine.
De quelle manière ressens-tu tes racines kenyanes et tanzaniennes dans ta musique ?
Je les ressens beaucoup mais je pense que quelqu’un d’autre qui m’observe pourrait répondre à cette question mieux que moi, car c’est totalement inné et inconscient pour moi. Je leur permets de prendre vie à travers moi, toutes les idées, les sons, les textures et les mélodies que j’entends dans ma tête avant de pouvoir les mettre dans un DAW. Je crois que toutes ces idées sont des bénédictions de mes ancêtres, parents et descendants. Je canalise ce que je ressens et honnêtement et je n’ai pas besoin de me poser la question.
Tracklist :
1. Monomono – Tire Loma Da Nigbehin
2. Kimina – Nuru
3. Ze Spirits Band – Tucheza (Esa Extended Mix)
4. Tshala Muana – Karibou Yangu
5. Destra – Lucy
5. Zé Da Lua – Ulungu Wami (The Busy Twist Remix)
6. Gan Gah, Cardi Monae & Kampire – Gatluak Remix
7. Onipa – Sohaa Gb3k3 (XOA Remix)
8. The Busy Twist – London Luanda Part 4 (Africa Ritmo Olha O Pica Remix)
9. Mamman Sani – Gosi
10. Lokassa Ya M’bongo – Assitou (Uproot Andy Remix)
11. Village Cuts – Chomekaaa!
12. Gafacci – Mama Yie x Mala (Changes Edit)
13. Mbongwana Star – Nganshé